Passo dello Stelvio, l’historique.

Tout a commencé par la proposition un rien malhonnête de Mister Philippe Courtin: «on ferait pas le Passo Di Stelvio l’an prochain ?». Après 1-2 semaines de réflexion, je me suis dit : «pourquoi pas?».« On ne prendrait pas Schultz avec nous, histoire d’avoir un garde du corps ?» a ajouté Phil. Et Schultz a répondu favorablement…. Philippe a bien demandé à quelques-uns du club de nous rejoindre mais les agendas des uns et des autres ne «se mettaient pas bien» comme on dit ! Mais Passo Di Stelvio kesako ? Il s’agit d’une organisation faite dans la cadre de Golazzo, bien connue de certains, qui se déroule en Italie à partir de Bormio et qui rassemble environ 1400 cyclos (90% sont belges).

Tout comme le «Climbing for Life» en France, le but premier est de soutenir les malades de mucoviscidose. Après l’inscription validée (125 € tout de même), Philippe s’est mis en quête de trouver un logement, et comme il ne fait pas les choses à moitié, il en a réservé 3 ou 4…. Chacun des protagonistes s’est préparé à sa façon, du mieux qu’il a pu, selon le temps libre et l’agenda. Pour ma part, j’ai décidé d’attaquer au plus vite, genre en novembre, me disant que rouler partout et par tous les temps devrait porter ses fruits… j’y reviendrai…. Phil et Schultz ont fait une préparation plus tardive mais commune… plus payante sans doute…. Lors de nos retrouvailles «Margelle» de début mars, l’inquiétude de ne pas voir Francis présent lors des premières sorties s’est installée… Phil a donc pris le taureau par les cornes (…) et a motivé à sa façon notre ami Francis… Ouf, il vient bien avec nous … Début mai Phil a confirmé un des logements (sans oublier d’annuler les autres …) et donc le défi a commencé à devenir bien réel… Bon ben va falloir y aller vraiment quoi….

La semaine du départ, les derniers détails étaient peaufinés et chacun savait quoi faire… Phil et Francis sont partis de leur côté, tel un gentil couple, afin de ménager leur monture (et leur corps…) et sans doute se préparer encore plus finement…mais là je m’égare…. Je suis parti un jour après eux (et oui moins de congés pour les jeunes cadres!) et me suis donc farci la route tout seul (+/-900 bornes quand même) pour arriver le jeudi soir.

La fine équipe était enfin réunie, car en effet, pas une seule fois durant la saison, nous n’avons trouvé le temps de rouler tous les trois en même temps. Que faisait le jeune couple en pause à Livigno (+/-1h de Bormio). Pendant ce temps j’étais occupé à conduire pour rejoindre mes compagnons d’échappée.

Le jeudi soir, nous nous sommes régalés en dégustant des pâtes à la sauce Carbonara, préparée par mon petit amour de Cécile. Durant ce repas chacun y est allé de son pronostic et de sa tactique pour les jours à venir… mais un jour à la fois. Après une première nuit bien réparatrice, le vendredi, nous avons décidé de monter à Bormio 2000, station de Ski olympique située à +/-10km de notre logement. Première montée bien agréable qui permet de juger l’état de forme de chacun (…) et de régler son coup de pédale en montagne. Pour rappel c’est notre première sortie commune et donc début d’une petite lutte d’influence. Bref, Francis est arrivé premier, Phil second et moi juste dans sa roue.

Petit verre réparateur au sommet, sans oublier de laisser au sommet, dans les sanitaires, un petit cadeau de ma part ….baptisé dorénavant «une Bormio 2000». L’après-midi du vendredi a été consacré à la récupération et au shopping…et repérage des premiers lacets du Stelvio…. Pas beaucoup de commentaires dans la voiture, on aurait entendu une mouche voler, quoi qu’avec notre arme de destruction massive (Schultz), elle avait peu de chance de survivre☺ Au niveau shopping, grosse déception de voir que les plus grandes tailles Italiennes s’arrêtent aux 3XL dans lesquelles, il m’était impossible de rentrer, au contraire de Phil et Francis qui eux présentaient une taille plus …mannequin que moi ! Le repas du vendredi soir s’est décliné en pâtes bolognaises préparées par Phil… La soirée s’est terminée en regardant le match Espagne-Portugal.

Samedi matin, le Jour J. Découverte surprenante; Phil est nerveusement plus atteint que moi avant le départ d’une grosse sortie (sans jeu de mots hein …) Départ matinal à 7h00 pétantes (sic l’organisation !) pour +/-130 bornes et 4700 m de dénivelée pour «IL PIRATTA». 3 cols au programme: Mortirolo, Gavia et Stelvio. Les 30 premières bornes m’ont rappelé le départ de Milan San Remo 2004 : 45 à l’heure de moyenne et une course de placement. La vue de ce serpentin de 700 cyclos descendant vers le premier col restera en tout cas gravée dans nos mémoires. Précisons ici que les 700 autres cyclos partaient eux uniquement pour l’ascension du Stelvio. Et donc après ces 30 bornes, virage à gauche et voilà que se présentait le Mortirolo. Après avoir enlevé les couches protectrices matinales, c’était parti.

Et c’est dès les premières rampes que je me suis dit : «la journée va être longue et je ne suis pas dans un bon jour». Après 2h d’ascension des 13 km à 8,2 % de moyenne (et quelques passages à 16%), j’ai rejoint mes camarades déjà au sommet depuis…un certain temps. Suite à la descente très technique et très rapide, nous nous sommes retrouvés tous les 3 en bas du col pour faire la liaison vers le Gavia. Et lors de l’examen du profil la veille, nous avons découvert que nous devrions affronter environ 20 bornes à du 4-5% pendant 25 km avant d’attaquer le second plat de résistance. Personnellement, cette liaison sur de larges routes a commencé à entamer sérieusement mon moral et mon physique. Retrouvailles au pied du col avec des mines, si pas un peu déconfites, tout du moins sur lesquelles on pouvait lire de grosses interrogations.Si le Mortirolo était l’apéritif, le Gavia était un fameux plat de résistance : 20km à du 7,8 %, avec de terribles passages à 14% sur des routes très très étroites et un tunnel non éclairé.

Le sommet situé au-delà de 2600 m méritait en tout cas le détour mais au prix de quels efforts….Toujours est-il qu’à plus de 15h, il était temps de se diriger vers Bormio pour…en finir. Et oui, hélas, les forces nous ont manqué pour essayer de gravir ce Stelvio qui se dressait devant nous. Il faut savoir aussi qu’au niveau des ravitos, un timing très serré était prévu et donc nous n’en n’aurions plus eu à mi pente dans le Stelvio ce qui est aussi un peu suicidaire. Enfin un peu déçus mais quand même fiers et contents de notre «exploit», nous avons pris du temps pour débriefer et nous sustenter d’un dernier repas à l’Italienne (pizza).

Le dimanche était déjà arrivé pour prendre la route du retour. Nous l’avons fait de concert, du moins pour la partie en Italie, ce qui a permis de remplir le réservoir de nos bolides d’une substance beaucoup moins chère que dans nos contrées.

Patrick M.
Juillet 2018